Qu’est ce qu’une startup ? Quel est son fonctionnement ?

French tech, startup nation, licorne, levée de fonds sont aujourd’hui une partie intégrante de notre quotidien. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau record de levée de fonds ou une innovation issue d’une startup ne fasse l’actualité. En effet, les startups sont un catalyseur de la croissance économique tant au niveau mondial que local. Le World Economic Forum (https://www.weforum.org/agenda/2022/05/how-startups-help-drive-economic-recovery-and-growth/) et l’observatoire Startup Genome (https://startupgenome.com/article/state-of-the-global-startup-economy) affirment conjointement que la valeur créée par les startups est presque équivalente au PIB d’une économie du G7 soit 3 trillions de dollars. Un incontournable qui renverse les codes d’une période industrielle qui disparaît petit à petit au profit d’une nouvelle typologie de structure. Mais dans ce contexte, il me semble alors particulièrement pertinent de revenir sur les critères de définition de ce qu’est une startup avant de rentrer dans le détail de son fonctionnement afin de comprendre en quoi aujourd’hui ces entreprises sont si présentes sur le devant de la scène.

« Pouvez-vous s’il vous plaît me définir ce qu’est une startup ?» Voici la question que l’on m’a posée et qui m’a laissée sur le carreau. J’ai beau graviter dans cet écosystème depuis quelques années maintenant et alors même que cette question n’est pas une première, ce jour-là, j’ai bloqué. Bloqué parce que jusqu’à présent je ne me suis contenté de ne sortir que des bouts de réponses. Des faits, des approches, des éléments sans pour autant réussir à unifier ces notions en une définition courte, simple et efficace. 

Cette expérience m’a alors amené à aller plus loin et tenter de trouver cette définition pour me l’approprier. Premier réflexe: le dictionnaire. Premier constat: Le Larousse ne connait pas le terme « startup ». Il faudra plutôt aller du côté de « start-up » pour y comprendre qu’il s’agit comme une jeune entreprise innovante notamment dans les secteurs de jeunes technologies (https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/start-up/74493). De son coté, le dictionnaire Le Robert définit la startup comme « Une jeune entreprise novatrice dans le secteur des nouvelles technologies, sur internet » (https://dictionnaire.lerobert.com/definition/start-up). Il semblerait alors que l’on parle en France de « start-up » et non de « startup » et qu’il s’agirait alors d’entreprises qui capitalisent sur les innovations et les nouvelles technologies. Essayons d’aller plus loin et de regarder ce qu’il se passe du côté des ressources plus spécialisées.

BPI France, la Banque Publique d’Investissement française dont la mission est de soutenir le financement des entreprises définit par exemple la startup comme « une entreprise nouvelle innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future » (https://bpifrance-creation.fr/moment-de-vie/quest-ce-quune-startup). Paul Graham, co-fondateur de l’accélérateur de startup Américain Y Combinator parle de son côté « d’entreprises spécifiquement conçues pour avoir une croissance rapide » (http://www.paulgraham.com/growth.html) une vision partagée par Steve blank qui, dans son ouvrage « The Four Steps to the Epiphany: Successful Strategies for Products that Win », parle de la mise en place d’un business model repérable et scalable. Pour le magazine Forbes, les startups sont de jeunes entreprises fondées pour développer un produit ou un service unique, le mettre sur le marché et le rendre irrésistible et irremplaçable pour les clients(https://www.forbes.com/advisor/investing/what-is-a-startup/). Eric Ries, entrepreneur Américain et pape du mouvement « Lean Startup » complète cette définition par la notion d’incertitude de marché. 

Le constat paraît clair: il n’existe à ce jour aucune définition claire et précise de ce qu’est une startup ! Toutefois, si nous reprenons alors nos éléments pour les arranger et en tirer quelque chose nous pourrions alors dire qu’une startup est 1) une entreprise qui 2) utilise la technologie pour développer un nouveau produit (ou service)  dont 3) le business model est incertain et qui, si elle réussit 4) verra sa croissance évoluer rapidement et fortement.

définition d'une startup

 

Comment nait et se développe une startup ?

Nous venons ensemble de voir qu’une composante importante de la définition d’une startup est l’incertitude qui gravite autour du business model. Il faut comprendre que le business model est pour l’entreprise ce que le squelette est pour le corps humain. Le business model est la base de toute entreprise, de la définition de son offre, sa segmentation de clients en passant par la structure de coût ou encore son modèle de revenu. Définir un business model fiable est donc une nécessité pour toute entreprise quel que soit sa taille ou son secteur d’activité. Dans le processus de création d’une startup, l’entrepreneur débute bien souvent par une idée, une intuition. Il va donc lui être nécessaire de partir de cette base pour construire son modèle. C’est à ce moment que le mouvement Lean Startup prend tout son sens. Le Lean Start Up Movement (LSM) est un changement de paradigme dans le développement de produits et d’entreprises qui a été introduit par Steve Blank et popularisé par Eric Ries. Inspirée des méthodes productions Japonaises comme Toyota, la méthodologie Lean Startup permet à un entrepreneur de construire un projet d’entreprise sur la base du feedback de marché. Puisqu’une entreprise ne peut fonctionner sans clients, il est alors nécessaire de définir des hypothèses puis de les tester directement auprès des cibles de clients potentiels. Ces hypothèses auront pour objectifs de valider l’ensemble des interrogations portées par le développement du projet que ce soit sur le design du produit (ou du service), sa commercialisation ou encore la ou les gammes de prix. L’entrepreneur transforme alors les hypothèses en Minimum Viable Product (MVP), comprenez une version minimale à présenter. Ce MVP peut prendre la forme d’un dessin pour les formes les plus sommaires jusqu’à la création d’une maquette graphique ou d’un premier dispositif physique. Sur la base des feedbacks qu’il reçoit, l’entrepreneur a le choix de préserver et poursuivre la création de son entreprise, de pivoter c’est-à-dire changer tout ou une partie de son projet ou périr et donc mettre fin à son projet.

On l’a dit, le propre d’une startup est entre autres de trouver un modèle scalable c’est-à-dire un modèle qui permette à la start-up de croitre fortement et rapidement. À partir du moment où l’entrepreneur valide son modèle, il est donc temps pour lui de « scaler ». Dans cette phase, son rôle est alors d’ajouter des ressources (humaines, techniques, financières,  ..) et d’optimiser ses processus afin d’obtenir le plus rapidement possible un leadership durable sur son marché. 

Financer le développement

Cette approche de la création de l’entreprise est relativement longue puisqu’elle peut s’étaler de quelques mois à plusieurs années selon les typologies de projets. Cette logique est assez proche des projets d’innovation qui ont besoin de plusieurs mois d’expérimentation avant d’obtenir de premiers résultats concluants. L’analogie entre startup et innovation n’est d’ailleurs pas anodine si l’on considère l’approche de Schumpeter qui voit l’innovation comme la mise sur le marché d’un nouveau procédé, produit ou service.

L’entrepreneur doit alors pouvoir composer avec des ressources financières souvent rares ce qui en fait une des causes fréquentes d’échec de création de startup. Toutefois, par son approche basée sur le retour marché, l’entrepreneur met tout en oeuvre pour réduire l’incertitude de son modèle et peut alors décider de présenter son projet, sa vision et ses résultats à des investisseurs. Ceux-ci pourront alors prendre part dans l’aventure en financement pour soutenir l’entreprise en attendant de pouvoir débuter une commercialisation et générer un premier chiffre d’affaires. Dans un contexte ou il faut aller plus vite, c’est à chaque étape du développement de la startup que ces financements externes seront nécessaires. La seule croissance organique n’est aujourd’hui pas suffisante pour assurer un positionnement de marché face à une concurrence elle aussi toujours plus rapide et agressive.

Si la définition ne fait pas encore l’unanimité on voit toute de même que de grands traits définissent cette génération d’entreprises qui aujourd’hui sont un véritable driver pour le développement de l’économie mondiale, l’innovation et la dynamique de l’emploi. Les challenges autour de ce modèle sont nombreux et j’ai bon espoir qu’ils continueront d’alimenter l’actualité encore pour plusieurs années.